Article Sud Ouest du 22 novembre









Tony le blogueur Gabaye

Braud Tony Martin, jeune collégien de 14 ans né à Braud et St Louis, a créé son blog en gabaye, la langue des ses aïeux. Une vraie langue qu’il veut réhabiliter.

S’il on en croit les chiffres qui circulent, cinq million d’écoliers français ont ouverts un blog. Un « journal » en ligne via Internet. Parmi eux, Tony Martin, 14 ans.

Fils, petit-fils, arrière et arrière arrière petit-fils de Gabaye du cru, rien ne prédestinait pourtant ce jeune homme né à Braud et St Louis et collégien à St Ciers sur Gironde, à explorer ces racines linguistiques et culturelles. Ses parents déjà, avaient un peu abandonné la pratique de cette langue. Et puis…

Sites Gabayes

« Je m’intéresse beaucoup à l’histoire en général. Un jour, c’était en Avril dernier, devant mon écran d’ordinateur, j’ai eu l’idée de pianoter « patois charentais » sur un moteur de recherche. Et j’ai découvert qu’il y avait plein de sites ! Et que l’on y parlait du saintongeais, du poitevin, du gabaye. Or, chez nous à Braud, j’avais l’impression que les gens avaient presque honte de parler gabaye ! »

Honte ou pas honte, et même si Tony constatait que « cela ne touchait que les personne âgées », il poursuivit ces recherches et attisé sa curiosité. Par la grâce de l’Internet et en surfant sur la toile, il s’ouvrait un nouvel espace. Et une occasion supplémentaire de se faire des amis !

Freddy Bossy, par exemple… Un jour, Tony lit un commentaire laissé sur son blog par un internaute, visiblement adulte s’adressant à un adulte. Il s’agissait d’un homme dans le sud de la France, mais originaire de Pons, en Charente Maritime. Lequel est tombé de sa chaise en apprenant que le blogueur gabaye en question était un ado de 14 ans. Bien dans ces baskets. Mais accroché à la langue de ses ancêtres.

Depuis, le potache blayais et l’universitaire échangent régulièrement « Il m’aide » dit Tony.

Lucide

Aujourd’hui, Tony poursuit ses recherches. Explique aux visiteurs pourquoi il existe en Sud-Gironde, du côté de Monségur, une enclave Gabaye. Tout comme en Médoc. Il illustre musicalement ses textes avec des morceaux de Binuchards (groupe de musique charentais), il a enregistré une conversation gabaye avec son arrière grand-mère. « Mes profs sont étonnés mais cela ne leur dit pas grand-chose, car ils ne sont peu être pas originaire d’ici » juge t-il.

« Un jour, en Avril dernier, devant mon ordinateur, j’ai eu l’idée de pianoter « patois charentais ».

Et si les yeux de son arrière grand père brillent en évoquant cet arrière petit fils gabaye, Tony reste lucide, « Pour la famille, c’est bien et pas bien ! C’est les racines, mais c’est aussi la honte, alors aujourd’hui, mon but, c’est que l’on ai plus honte de cette langue. »

Il dit langue avec respect. Même si sur son blog se retrouve sur « monpatoislegabaye.blogspot.com » « mon patois »… Après j’ai regretté d’avoir donné cette adresse. J’aurais préféré langue. Mais c’était trop tard pour changer.

Passion

Sans détour Tony explique encore qu’il n’écrit pas le vrai gabaye. Mais il sait qu’il existe deux orthographes orthodoxes. Là, c’est un chante local du gabaye, également enseignant qui lui a appris, Eric Nowac. Tony enregistre, note, apprend, cherche et enrichi son blog. « C’est mon plaisir » lance t-il sous les yeux étonnés de ses parents qui croyaient à une passade, et

sont bien obligés de reconnaître aujourd’hui ce qui ressemble à une passion.

Sur une feuille de papier, Tony a noté quelques idées : « J’ai prévu de faire dans mon blog quelque chose sur les écluses du Passage à Anglade. Et sur l’histoire d’un homme expulsé des marais à cause de la centrale nucléaire. »

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Fau l'encoratjar lu vòstre pitit golhat, benleu ben que vendra un futur linguista, qu zo sap?
traduction du limousin:
Il faut l'encourager votre petit gars, peut-être bien qu'il deviendra un futur linguiste qui le sait?

J'ai trois fois son âge et j'ai fait la même chose au même âge en demandant à mon grand-père de m'enseigner son patois du Limousin.

Commencez par votre parler local et après vous vous retrouverez à manier des dizaines de langues et en parler une douzaine.

Linguiste périgourdin.

Anonyme a dit…

En tout cas bravo et bonne continuation!

Anonyme a dit…

Bravo !
C'est un de mes amis du Nouveau Brunswick (Canada) qui m'a signalé votre site sachant que je m'intéressais à cette langue qui est celle de la branche maternelle de mon mari.
J'aimerais avoir un petit fils tel que vous.