Hommage à Freddy Bossy

Hommage à un homme cultivé qui m'a presque tout appris sur le Parlanghe.
Hommage

Quequ’ bestiole en Gabaye

Ine grolle = un corbeau

In tabar = un taon

Ine ajhasse = Une pie

Ine bisse = un rouge gorge

Ine pupu = Une huppe

Ine erandelle =Une hirondelle

In grr’let = un grillon

In balérit = Faucon Crécerelle

In’ Etorniâ = un étourneau

In canet = Canard

Ine chavéche ou effraie = une couhette

In chavan = un hibou

In dar = couleuvre effrayante qui peut nous courser sur le bout de sa queue à des vitesses impressionnantes (plus ou moins légendaire).

In crapiâ = un crapaud

Ine pibole = une coccinelle

Ine langrotte = lézard des murailles

Ine grr’noïlle = une grenouille

In louc’ = un loup

Ine aragne = une araignée

Ine irantelle = une toile d’araignée

Ine aspi = une vipère aspic

In cossard = une buse


GUÎTRES, Sud-Ouest le 23 septembre

GUÎTRES. James Chauveau s'est inspiré d'un petit répertoire où sa mère a consigné plus d'une centaine de mots gabayes depuis les années 40



Il crée un site Internet dédié à la langue gabaye

James Chauveau essaie de sauver tout un pan de patrimoine linguistique et historique qui, malheureusement, s'éteint en même temps que les anciens disparaissent.( PHOTO J.G.)

Le canton de Guîtres est situé en plein coeur du Pays gabaye. D'ailleurs, des associations bien connues y font référence - les randonneurs du Pays gabaye, club de marche guitraud et le football-club du Pays gabaye à Saint-Ciers-d'Abzac qui regroupe des joueurs deplusieurs communes aux alentours. Autres traces de cette empreinte gabaye : des noms de rue, à Guîtres notamment, et des initiatives locales. Par exemple, celle d'une poignée d'élus qui ont créé, dans les années 90, au Maine Pommier à Lagorce, l'académie du Pays gabaye, aujourd'hui en sommeil.

James Chauveau est Gabaye dans l'âme. Fils et petit-fils de Gabaye, il essaie de sauver tout un pan de patrimoine linguistique et historique qui malheureusement s'éteint en même temps que les anciens disparaissent.

Une variante du saintongeais

Il faut savoir que ce vaste pays remonte à la bataille de Castillon qui a mis fin à la guerre de Cent ans et forme un arc de cercle qui longe les Charentes et s'étend de Puynormand jusqu'à Saint-Ciers-sur-Gironde en coupant en deux les cantons de Fronsac, Saint-André- de-Cubzac et Bourg.

Le gabaye serait une variante du saintongeais importé par des travailleurs migrants venus s'installer dans le pays, suite à un manque de main-d'oeuvre.

James Chauveau raconte : « Il y a quatre-vingt-dix ans, on parlait encore couramment cette langue qui comprenait plusieurs variantes. Le gabaye de Maransin n'était pas le même qu'à Laruscade. J'ai côtoyé tous les anciens qui parlaient gabaye. Mes parents et grands-parents le parlaient en première langue. C'était leur langue natale. C'est à partir des années 20 que les gens sont passés au français en première langue. Pour qu'ils abandonnent ce parler, on leur faisait peur et on disait qu'ils parlaient patois. Mais le gabaye reste une langue à part entière. Hélas, elle s'éteint doucement. Aujourd'hui, il ne reste plus que quelques mots. En un siècle, d'une langue fondamentale, il ne reste que quelques bribes. Pourtant, elle fait partie de notre patrimoine. »

James Chauveau a créé un site Internet (1) dédié à cette langue et à la culture gabaye. Pour cela, il s'est inspiré d'un petit carnet découvert dans le tiroir de la cuisine écrit par sa mère, Marie-Rose.

Le carnet de Marie-Rose

« Depuis les années 40, dès que l'on prononçait un mot gabaye, maman avait pour habitude de le consigner ces avec sa signification en français dans un petit répertoire qu'elle rangeait dans le tiroir de la table de la cuisine. Au fil des années, elle y a recensé plus d'une centaine de mots et j'ai décidé de le mettre en ligne sur Internet. »

Il y a un an et demi, des linguistes ont pris connaissance de ce site et se sont rendu compte que le gabaye de l'Est comportait de nombreux trous noirs. « C'est ainsi que Freddy Bossy, ancien professeur de Saintongeais à la faculté de Poitiers et certains de ses élèves linguistes m'ont contacté et encouragé à poursuivre mes recherches sur ce patrimoine, la vie culturelle, tout ce qui fait la particularité du monde gabaye. »

Un dictionnaire français-gabaye, gabaye-français écrit par l'abbé Belloumeau, curé de Laruscade, à la fin du XIXe siècle va prochainement être réédité par le professeur Bossy. Il s'agit d'un ouvrage de référence de 500 pages. Sa réédition sera accompagnée de celle d'un autre petit dictionnaire qu'avait fait l'abbé Urgel dans les années 20-30. Enfin, un petit ouvrage reprenant les analyses linguistiques du fameux carnet de Marie-Rose, sera aussi édité pour l'occasion...

(1) james.chauveau.free.fr/gabaye

Auteur : Jean Gaury

Le palissaghe

L’palissaghe est la base d’la vigne en pays Gabaye. I teint les rang drét tote l’année. Aut’foés les ghens zou faisiant pas teurjhou, et dépeut qu’ol’a coumencé, ol’a évolué.

Le palissage est la base de la vigne en pays Gabaye (et dans beaucoup d’autres AOC). Il tient les rangs droits tout au long de l’année. Il était plus ou moins pratiqué autrefois, et il a évolué au fil du temps.

Les culée (les amarres)

Ine culée, ol’est au bout d’au rang, o teint les fil et l’piquet d’culée. O s’enfonce à la main aveuc ine clé, oub’ aveuc ine machine. Aut’foés, ol’était ine piarre, jh’fasions in trou aveuc ine feurée, jh’l’accrochions à in grou fil, pis jh’la mettions dans l’creu et jh’le r’bouchions, mais o t’nait pas coumm’ quéllé d’aneut.

L’amarre est au bout du rang. Elle tient les fils et le piquet d’amarre. On l’enfonce à la main avec une clé ou avec une machine. Autrefois, c’était une pierre, on faisait un trou avec une ferrée, on l’accrochait à un gros fil, on la mettait dans le trou et on le bouchait, mais ces culées ne tenaient pas aussi bien que celle d’aujourd’hui.

Ine culée (Une amarre)


Ine culée d’aut’foés (Une amarre d’autrefois)


Les Marquant (les tuteurs)

Les marquant, ol’est des p’tit piquet, quand la veugne est jhuste piantée, o teint les plan, quand al’est grande, jh’les enlevons.

Les tuteurs, ce sont de petits piquets, quand la vigne est jeune, ils tiennent les plans et quand elle est assez grande, on les enlève.



Les fil de r’levaghe (les fils de releveurs)

Les fil de r’levaghe, ol’est prr’ rel’ver. Quand jh’sons à meime à les r’monter, y r’montant les bois aveuc zeux, et y sont teurtous enfeurmé ent’ quéllé dux fil. Pis, Jh’les baissons avant d’tailler (prr’ pas les coper les fil et prr’ enl’ver les bois).

Les fils releveurs permettent d’attacher les bois. Lorsqu’on les relève, ils lèvent les bois qui sont prisonniers entre ces derniers. Ils doivent être baissés à terre avant de tailler (pour ne pas les couper et pour pas qu’ils ne gênent lorsque l’on enlève les bois).

L’fil de pyéghure (Le fil porteur)

L’fil du pyéghure sert à mè d’chouse que les aut’, jh’nous en seurvons prr’ pyégher les latte dessus, et jh’nous en seurvons otou prr’ caler (attacher les pied aveuc d’au galon).

Le fil porteur a plusieurs utilités, il sert à plier les « latte » sur le fil, comme à caler les pieds (attacher les pieds avec du galon).




In dessin prr’ voér (un schéma)

Ine devinoére...

2 patte assit sus 3 patte qui roughé ine patte, quand arrive 4 patte, qui renveurse 3 patte, 2 patte se met en coulère, attrape 3 patte, et le caloune à travers 4 patte.

Qu'est-ou ?

Qu'est ce que c'est ?

Si vous zou qu'neussez, disez zou aveuc in coummentaire.

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Coummune et Villaghe

Nom en Français actuel

Nom en français du XVIIIème siècle sur la carte de Cassini.

Nom en gabaye (quand il est connu)

(Communes)

St Ciers/Gironde

St Ciers la Lande

St Cir

Reignac

Rignac

Rignat

Etauliers

Etauliers

D'Etauyer

Anglade

Langlade

Anguiad'

Marcillac

Marcillac

Marcillat

Azac (commune de Braud et St Louis)

Ajas

D'Azat

Braud et St Louis

Braud

Braud

Cézac

Ceyssac

Cézat

St Yzan de Soudiac

St Yzan de Soudriac

St Yzan d’Soudiat

Pleine Selve

Pleine Seve

Pienne Seve

Donnezac

Donnezac

Dounzat


(Hameaux)


Ol’a pus guère d’nom d’villaghe en Gabaye, jh’en ai trouvé quequ’n’ un.

Malheureusement, les noms de hameaux en Gabaye se sont beaucoup perdus, j’ai tout de même pu en retrouver quelques uns.

Les Pâques (hameau de Braud)

Les Pacles

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Les Filiollelles (hameau de St Aubin)

Les Philolets

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Les Frappés (Hameau de Braud)

Frepe

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Bouinot (hameau de Braud)

Boineau

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Les Babinots (Hameau de St Ciers)

Les Babincoux

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Menardeau (hameau de St Aubin)

Maine Redeau

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Traine Balasse (Le mot est Gabaye à l’origine, hameau de St Aubin)

Traine Balasse

(carte de Belleyme)

Traine Balasse

Pied Sec (hameau de Braud)

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Pié sé

La marre de fer (hameau de Braud)

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La marre de far

*Aucunes informations

Les aspeurge

Quellé bounne aspeurge d’au Blayais. Quand ol’at oyut des peusoune qu’avant coumincé à n’en pianter, ol’était peur compenser la veugne et les vache. Ol’était souvent, les gens faisiant des sayon ent’ les veugne avec les monghette et les poret. Aneut, chancun a sa tarre. Ol’est ine saison qui dounne d’au travail au minde. O faut ét’ là tout les jhor. Ol’a des piastique négu’, ol’est pas prr’ faire biâ, mais ol’est prr’ que les aspeurge sayant bianche. Quand a sont verte, ol’est pasqu’al’avant poussé pus haut, et qu’al’avant vu l’jhor. Quand a sont poussé in p’tit mé haut, a sont violette. Y les ramassant aveuc in cueille aspeurge.

O coumince au moés d’mâr et o s’fini en mitant d’au moés d’mai.

Quand ol’est fini, y les laissant monter.


Ine r’cette:


Moé, jhe qu’neut ine recette avec des aspeurge, et al’est bein boun.

O faut des œuf, d’au beure (d’au doux oub’ d’au d’mi-sel, o fait reun), et des aspeurghe bein sûr.

O faut faire bouillir les œuf, les p’ler et les ébouiller aveuc ine fourchette.

Prr’ les aspeurge, zelle, o faut qu’a sayant bouilli dans d’l’éve otout.

O faut faire fond’ in p’tit d’beurre dans in poelon .

O faut amprés faire cheir le beurre sus les œuf qu’avant été ébouillé.

Zou partagher dans autant d’assiette qu’ol’a d’minde, pis ol’est près.


Manghez beun


Ces bonnes asperges du blayais, quand des gens ont commen

cé à en planter, c’était pour arrondir les fin de mois avec les vignes, et les vaches. Souvent, les gens faisaient des sayons entre les vignes pour y planter leurs asperges, avec les mogettes et les poireaux. Aujourd’hui bien sûr, ça n’est plus ainsi. C’est une saison qui donne du travail. Il faut être là 24h/24h et voir, 7j/7j. On utilise des plastiques, noires. C’est pour que l’asperge, qui dépasse de quelques centimètres, reste blanche jusqu’à la pointe. Quand elles sont poussées un peut plus haut, elles sont violettes, Puis, quand elles sont hautes par rapport à la terre, elles sont vertes.

Ils les ramassent avec une gouge. Un outil de la même famille que le ciseau à bois.

La saison commence au mois de mars et fini à la mi-mai. Quand c’est fini, ils les laissent monter et ça donne de grandes tiges vertes, et elles finissent à la mi-mai

.

Une recette:


Moi, j’ai une recette avec des asperges, personnellement, je n’en connais pas de meilleurs.

Il faut des œufs, du beurre, et bien sûr, des asperges.

Il faut fait bouillir les œufs, les peler, et les écraser avec une fourchette.

Pour les asperges, elles, il faut qu’elles soient bouillies dans de l’eau.

Il faut faire fondre un peu de beurre dans un poêlon.

Il faut après faire tomber le beurre fondu sur les œufs.

Le partager ensuite dans autant d’assiettes qu’il y a de personnes.

Bon appétit.


Ine aspeurghe que sort de tarre (Une asperge qui sort de terre).


In champ d’aspeurghe quand o coumince (Un champ d’asperges qui commencent).

In champ d’aspeurge avec des piastique (Un champ d’asperges avec des plastiques)

Des aspeurghe quand a sont montée (Des asperges, lorsqu'elles sont montées).


In cueille aspeurge (Une gouge)