GUÎTRES, Sud-Ouest le 23 septembre

GUÎTRES. James Chauveau s'est inspiré d'un petit répertoire où sa mère a consigné plus d'une centaine de mots gabayes depuis les années 40



Il crée un site Internet dédié à la langue gabaye

James Chauveau essaie de sauver tout un pan de patrimoine linguistique et historique qui, malheureusement, s'éteint en même temps que les anciens disparaissent.( PHOTO J.G.)

Le canton de Guîtres est situé en plein coeur du Pays gabaye. D'ailleurs, des associations bien connues y font référence - les randonneurs du Pays gabaye, club de marche guitraud et le football-club du Pays gabaye à Saint-Ciers-d'Abzac qui regroupe des joueurs deplusieurs communes aux alentours. Autres traces de cette empreinte gabaye : des noms de rue, à Guîtres notamment, et des initiatives locales. Par exemple, celle d'une poignée d'élus qui ont créé, dans les années 90, au Maine Pommier à Lagorce, l'académie du Pays gabaye, aujourd'hui en sommeil.

James Chauveau est Gabaye dans l'âme. Fils et petit-fils de Gabaye, il essaie de sauver tout un pan de patrimoine linguistique et historique qui malheureusement s'éteint en même temps que les anciens disparaissent.

Une variante du saintongeais

Il faut savoir que ce vaste pays remonte à la bataille de Castillon qui a mis fin à la guerre de Cent ans et forme un arc de cercle qui longe les Charentes et s'étend de Puynormand jusqu'à Saint-Ciers-sur-Gironde en coupant en deux les cantons de Fronsac, Saint-André- de-Cubzac et Bourg.

Le gabaye serait une variante du saintongeais importé par des travailleurs migrants venus s'installer dans le pays, suite à un manque de main-d'oeuvre.

James Chauveau raconte : « Il y a quatre-vingt-dix ans, on parlait encore couramment cette langue qui comprenait plusieurs variantes. Le gabaye de Maransin n'était pas le même qu'à Laruscade. J'ai côtoyé tous les anciens qui parlaient gabaye. Mes parents et grands-parents le parlaient en première langue. C'était leur langue natale. C'est à partir des années 20 que les gens sont passés au français en première langue. Pour qu'ils abandonnent ce parler, on leur faisait peur et on disait qu'ils parlaient patois. Mais le gabaye reste une langue à part entière. Hélas, elle s'éteint doucement. Aujourd'hui, il ne reste plus que quelques mots. En un siècle, d'une langue fondamentale, il ne reste que quelques bribes. Pourtant, elle fait partie de notre patrimoine. »

James Chauveau a créé un site Internet (1) dédié à cette langue et à la culture gabaye. Pour cela, il s'est inspiré d'un petit carnet découvert dans le tiroir de la cuisine écrit par sa mère, Marie-Rose.

Le carnet de Marie-Rose

« Depuis les années 40, dès que l'on prononçait un mot gabaye, maman avait pour habitude de le consigner ces avec sa signification en français dans un petit répertoire qu'elle rangeait dans le tiroir de la table de la cuisine. Au fil des années, elle y a recensé plus d'une centaine de mots et j'ai décidé de le mettre en ligne sur Internet. »

Il y a un an et demi, des linguistes ont pris connaissance de ce site et se sont rendu compte que le gabaye de l'Est comportait de nombreux trous noirs. « C'est ainsi que Freddy Bossy, ancien professeur de Saintongeais à la faculté de Poitiers et certains de ses élèves linguistes m'ont contacté et encouragé à poursuivre mes recherches sur ce patrimoine, la vie culturelle, tout ce qui fait la particularité du monde gabaye. »

Un dictionnaire français-gabaye, gabaye-français écrit par l'abbé Belloumeau, curé de Laruscade, à la fin du XIXe siècle va prochainement être réédité par le professeur Bossy. Il s'agit d'un ouvrage de référence de 500 pages. Sa réédition sera accompagnée de celle d'un autre petit dictionnaire qu'avait fait l'abbé Urgel dans les années 20-30. Enfin, un petit ouvrage reprenant les analyses linguistiques du fameux carnet de Marie-Rose, sera aussi édité pour l'occasion...

(1) james.chauveau.free.fr/gabaye

Auteur : Jean Gaury

1 commentaire:

goiatdativier a dit…

'Qu m'agrada`ben de veire lu brave trabalh que fasetz e lu de Monsur Chauveau per vòstra linga.
Vos encoratge que jamai pus tan coma n'autres zo fasem en Peirigòrd per lu lemosin e lu sarlades.
Comme ça me plaît bien de voir le beau travail que vous faites et celui de Monsieur Chauveau pour votre langue.
Je vous encourage plus que jamais comme nous le faison nous en Périgord pour le limousin et le sarladais.